Tremblez, Messieurs ! Demain, avec le Viagra rose et les patchs aphrodisiaques, vos femmes dragueront, noueront des relations sexuelles sans envisager de former un couple, enchaîneront les orgasmes, se régaleront devant des films pornographiques en se masturbant. Mues par un désir incompressible, elles abandonneront aspirateurs, fourneaux et raison pour vivre d’amour et de plaisir. Vous allez perdre le contrôle de vos femmes et souffrir le martyre de ne plus être leur héros !
Est-ce à cause de cette crainte que les femmes ne peuvent pas encore profiter d’un soutien dans leur baisse de désir alors que depuis des années les hommes sont aidés par pas moins que 26 pilules bleues ?
Lors des choix d’investissement dans des recherches, cette menace traîne certainement en filigrane.
Cela fonctionne comme si le droit des femmes à une sexualité épanouie n’est pas une priorité. En d’autres termes, il n’est pas certain que la société soit prête à accueillir la jouissance féminine.
Ce sexiste est bien entendu nié. Les experts justifient cette absence de traitement par la complexité de libido féminine qui est plus liée à un fonctionnement organique. Si l’argument est juste (Le Viagra est une affaire simple, car il se contente de faire affluer du sang dans le pénis.), on peut leur rétorquer pour autant une raison pour faire l’impasse sur une aide pharmacologique pour les femmes.
Enfin, on comprend aussi les réticences des laboratoires pharmaceutiques à investir dans cette recherche. Si, un jour, grâce à eux, le dopage du désir masculin et féminin devient réalité, nombreux devront mettre la clef sous la porte.
Logique, car le dopage du plaisir sexuel soignera alors de nombreux maux liés à son annihilation. On peut rêver ! Il faudra néanmoins que leurs pilules ne conduisent pas à une addiction au sexe et à une diminution du lien émotionnel avec le partenaire.