
COMMENT NOMMER ?
Un partenaire amoureux fictif
Le fantomour est un partenaire virtuel qui adopte le comportement social de l’amoureux. Il vous téléphone, vous envoie des messages enflammés, des photos… Le célibataire construit son partenaire : taille, âge, prénom, profession, caractéristiques physiques, lieu de la rencontre… À partir de ces données, l’amant virtuel interagit avec le célibataire. Il lui envoie un message simple du genre « Chéri, n’oublie pas le pain » à la création d’une vidéo de vacances avec incrustation du célibataire. La relation est construite par un service spécialisé puis automatisée. Le célibataire peut intégrer des données modifiant le programme. Le fantomour sert à faire imaginer aux proches à l’existence d’une vie amoureuse.
C'EST DÉJÀ DEMAIN
DES INNOVATIONS PRÉFIGURENT LE FUTUR DE L'AMOUR

PROSPECTIVE FICTION
Perfection trop parfaite (juillet 2030)
Roboert High s’est donné la mort. Ce milliardaire a fait fortune dans les fantomours. Avatars, robots, poupées imprimées, objets animés, hologrammes… Il a créé des dispositifs d’amours virtuels adaptés à toutes les attentes. Leur performance les a rendus incontournables. Nombreux amoureux utilisent des fantomours pour gérer leurs relations avec leurs partenaires. Alors que la devise de son entreprise est : « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail. », il a laissé un message indiquant : « J’en ai assez de la perfection de tous mes amours virtuels. Ils connaissent même leurs imperfections. Leur garantie sans défauts les rend prévisibles et donc ennuyeux. Avec leurs bonnes intentions, ils nous confortent, mais ne nous étonnent pas. Je rêve d’un monde où le désordre amoureux nous surprend. Et si la vraie fin de l’homme n’était pas la mort, mais la perfection. »

LE COIN DES EXPERTS DU FUTUR DE L'AMOUR
Idée aimable ou detestable ? A discuter !
DE L'AMOUR ET DE L'ARGENT FRAIS
Alors, les amours ? Toujours célibataire ?
Dans Le Banquet, le philosophe Platon raconte qu’à l’origine, l’homme était une sphère. Manque de chance, Zeus l’a coupé en deux. Depuis, l’homme erre à la recherche de notre moitié perdue. Peut-être à cause de cette mythologie, l’homme considère qu’il n’est qu’entier que s’il marche par deux. La société a entériné l’affaire. Les célibataires sont de plus en plus vus comme des handicapés de la vie. S’ils sont seuls, c’est parce qu’ils souffrent d’une maladie honteuse. Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner qu’on puisse faire appel à un fantomour. « Alors, les amours ? Toujours célibataire ? » La question ne tape plus sur les nerfs. On peut sourire et montrer quelques preuves de cet amour. En cas de séparation, le fantomour ajoute dans le cocktail explosif, un peu de jalousie. Faire souffrir l’autre est toujours bon à prendre. Le seul souci est que cette intelligence artificielle est par essence raisonnable. Elle ne va pas en faire trop ou pas assez. À force de s’habituer à cette perfection amoureuse, il va être difficile de composer avec les excès et les manques des amoureux réels.